Qu’est-ce qu’il y a dans un nom?

In Blogs, Ressources en français by Steve HerzigLeave a Comment

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À l’époque du Nouveau Testament, les patriarches du peuple israélite étaient identifiés par des noms qui avaient des significations précises. En Genèse 17.5, Dieu changea le nom d’Abram (« père exalté ») en celui d’Abraham (« père d’une multitude »). Genèse 17.15 dit que Dieu changea également le nom de la femme d’Abraham, Sarai (« ma princesse »), en Sarah (« princesse ») parce qu’elle allait devenir une « mère des nations ».

Ce sont deux exemples parmi beaucoup d’autres où un nom exprimait un espoir, un souhait ou une prière pour la personne qui le recevait. Rappelez-vous de la naissance du premier enfant d’Anne. I Samuel 1 mentionne que Dieu exauça sa prière pour un enfant par la naissance de Samuel, un nom qui signifie « demandé au Seigneur ».

Près de trois mille ans ont passé depuis. Cependant, la tradition juive attache toujours la même importance au nom donné à un enfant. Les critères de choix du nom diffèrent selon que les parents sont juifs ashkénazes (européens) ou juifs sépharades (orientaux). Les parents ashkénazes prénomment leurs enfants d’après le nom d’une personne défunte d’une valeur particulière tandis que les parents sépharades font exactement l’inverse, prénommant leurs enfants d’après le nom de personnes valeureuses encore en vie. L’un et l’autre groupes organisent une cérémonie de dédicace au cours de laquelle ils consacrent publiquement l’enfant et lui attribuent le nom qu’il va porter.

L’intérêt particulier porté au choix du nom n’est pas l’apanage exclusif des Juifs. Les chrétiens accordent également de la valeur aux noms et à leurs significations. De nombreux chrétiens prénomment leurs enfants d’après des personnages bibliques, souvent avec l’espoir que leurs enfants apprennent à reproduire dans leur propre vie les qualités qu’avaient révélées leurs homonymes.

Dans l’Écriture, Dieu est connu sous plusieurs noms. Trois d’entre eux sont considérés comme primordiaux : Élohim, Yahvé et Adonaï. En outre, Dieu possède plusieurs noms composés qui sont révélés de manière progressive au travers de la Bible. Le choix des noms individuels de Dieu a-t-il de l’importance ? Le prophète Jérémie a rapporté que le Seigneur Lui-même déclare :  Voici, je le jure par mon grand nom (Jérémie 44.26). David, le merveilleux psalmiste d’Israël, a écrit le Psaume 8 comme une louange à Yahvé: Eternel, notre Seigneur ! Que ton nom est magnifique sur toute la terre ! Ta majesté s’élève au–dessus des cieux. (v.1). David a également invoqué le nom de Dieu lorsqu’il a écrit : Que l’Eternel t’exauce au jour de la détresse, que le nom du Dieu de Jacob te protège ! (Ps. 20.1).

Le nom de Dieu est admirable et il nous protège. Le nom de Dieu porte en lui l’amplitude de tout ce qu’Il est, de tous Ses attributs. Il n’est pas surprenant que le Nouveau Testament soit cohérent avec l’Ancien Testament dans l’importance qu’il attribue au nom de Dieu. L’évangile de Jean déclare : Mais à tous ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jean 1.12). Jésus a dit : Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai (Jean 14.14). Il affirme ainsi clairement que le fait de croire en Son Nom équivaut à croire en Dieu.

Moïse, sous l’inspiration de l’Esprit Saint, n’a pas tardé à nous présenter le premier nom de Dieu dans la Torah (Pentateuque). Le 1er verset de Genèse commence par : Berasheet bara elohim (Au commencement, Dieu créa). Ici, le nom utilisé pour Dieu est le terme Élohim. De tous les noms de Dieu, Élohim, employé plus de 2500 fois, est le plus fréquent dans l’Ancien Testament. Le fait d’utiliser prioritairement Élohim est très significatif car il s’agit d’un nom puissant, d’un nom pluriel et d’un nom porté par deux personnalités divines.

Un nom puissant

Apparaissant à trente-deux reprises dans le premier chapitre de la Genèse, le nom Élohim représente le Dieu de la création. L’étymologie des mots et des noms peut s’avérer difficile à prouver. Cependant, de solides arguments permettent de penser que la racine de Élohim est El (singulier hébreu, « Dieu »). Moïse choisit le mot El en Nombres 23.22 pour proclamer que El les avait « fait sortir d’Égypte ». Utilisé 250 fois dans l’Ancien Testament, El se traduit en français par « puissant, fort et proéminent. » Plusieurs individus bibliques portent le mot El dans leur propre nom. Le nom de Jacob a été changé en celui d’Israël, lequel désigne un « prince de Dieu ». Le jeune garçon juif emmené captif à Babylone a été nommé Daniel, ce qui signifie « mon juge est Dieu. » Élie se traduit par « le Seigneur est Dieu » et Élisée par « mon Dieu est le salut ».

Un mot comportant le terme El est Alah, « dont on dit qu’il signifie “déclarer” ou “jurer”. On considère donc qu’il sous-entend une relation basée sur des alliances. » 1 Placés ensemble, les termes El-Alah-im (Élohim) ont pour signification « Celui qui est fort, fidèle et garde Son alliance ».

Élohim, Celui qui est fort et puissant, garde ses promesses : Il est fidèle. Élohim appela Moïse dans un buisson qui brûlait sans se consumer. En Exode 3:6, Dieu parla à Moïse en disant : « Je suis le Dieu [Élohim] de ton père, le Dieu [Élohim] d’Abraham, le Dieu [Élohim] d’Isaac et le Dieu [Élohim] de Jacob. »

Bien que le nom Élohim véhicule l’idée de la puissance du vrai Dieu, il n’est pas toujours utilisé dans ce sens. L’exégète biblique John MacArthur écrit : « Ce terme hébreu est à la fois un terme général pour désigner la divinité et un nom désignant le vrai Dieu. Il peut aussi être utilisé pour des dieux païens (Genèse 31.30), des anges (Psaume 8.5), des hommes (Psaume 82.6) ou des juges (Exodes 21.6). »2

Il s’agit donc d’un nom qu’il convient d’interpréter en tenant compte du contexte dans lequel il apparaît :

-Tu n’auras pas d’autres dieux [Élohim] devant ma face (Exodes 20.3).

-Vous ne ferez point des dieux [Élohim] d’argent ni des dieux [Élohim] d’or (Exodes 20.23).

-Car l’Eternel [Yahvé] votre Dieu [Élohim] est le Dieu [Élohim] des dieux [Élohim] et le Seigneur des seigneurs, le Dieu [El] grand, fort et redoutable, qui ne fait point acception de personnes et qui n’accepte point de présent (Deutéronome 10.17).

Un nom pluriel

Le nom Élohim peut donc être employé pour designer de faux dieux. La terminaison im lui confère un caractère pluriel. Comment se fait-il que Dieu, Celui qui a créé les cieux et la terre, Celui qui garde Son alliance, Celui qui a choisi le peuple juif, soit désigné par un nom pluriel ? La réponse à cette question varie selon les sources, aussi est-il important d’examiner les diverses réponses proposées.

Certains avancent l’argument selon lequel le mot pluriel Élohim indique un pluriel de majesté. C’est le cas notamment de l’école juive. Elle prétend typiquement que le pluriel sert à démontrer « la plénitude de puissance ».3 Le dictionnaire biblique illustré publié par Zondervan le confirme :

Puisque le mot pluriel Élohim quand il désigne Dieu dans l’Ancien Testament a sans équivoque la signification d’un singulier (Deutéronome 4.35, 39 ; 1 Rois 8.60, 18.39 ; Ésaïe 45.18, etc.), il y a de sérieuses raisons de penser que les Hébreux le considéraient comme un « pluriel de majesté ».4

L’érudit évangélique spécialiste de l’hébreu que fut David L. Cooper connaissait cet argument. Il écrivit à ce sujet :

L’auteur [Cooper lui-même] a connaissance de l’argument selon lequel le nom pluriel Élohim est le pluriel de « majesté d’excellence ». Il reconnaît, en toute franchise, que dans le monde sémitique un tel usage était courant lorsque les sujets s’adressaient à leur roi ou parlaient de lui. Cependant, dans le contexte des passages examinés ici comme dans celui de nombreux autres, il n’y a rien qui autorise à s’écarter de la stricte interprétation grammaticale des mots et à remplacer cette dernière par une interprétation inventée pour soutenir un parti pris théologique.5

D’autres avancent que le pluriel Élohim sous-entend un « pluriel d’intensité ».6 Cette intensité donne au nom un sens de force, lui conférant une signification plus forte. Le Dieu de la création est donc considéré comme plus fort et plus puissant lorsque son nom est mis au pluriel : « Avec Élohim, la forme plurielle nous montre qu’aucun mot fini ne peut transmettre de manière adéquate l’idée de la personnalité infinie ni de l’unité des personnes de la Divinité. »7

La clé de la compréhension de la pluralité d’Élohim ne semble pas résider dans une explication quelconque mais plutôt dans le simple fait de laisser au nom le sens qui lui est propre, à savoir la pluralité de personnalités. A l’instar des patriarches avant nous, il ne nous est pas demandé de chercher à le comprendre complètement. Michael Brown a écrit :

Les concepts mêmes d’« unité composée » ou de « pluralité dans l’unité » faisaient partie du langage de la Tanakh. Ces concepts n’étaient pas étrangers à l’esprit biblique. Ainsi, bien que ces références à Dieu ou au Seigneur au pluriel ne prouvent aucunement les croyances trinitaires, il est certain qu’elles sont en parfaite harmonie avec tout ce que nous essayons de dire ici, à savoir que, d’une certaine façon, l’unité du Seigneur est un concept complexe.8

Un nom qui s’applique à deux personnalités

Ton trône, ô Dieu [Élohim], (subsiste) à toujours et à perpétuité ; le sceptre de ton règne est un sceptre de droiture. Tu aimes la justice et tu détestes la méchanceté : c’est pourquoi, ô Dieu [Élohim], ton Dieu [Élohim] t’a oint d’une huile de joie, par privilège sur tes compagnons (Psaumes 45:6–7).

Commentant ce passage, Arnold Fruchtenbaum déclare dans son livre Messianic Christology (Christologie messianique) :

Il convient de remarquer que le premier Élohim est la personne à laquelle s’adresse le message et que le second Élohim est le Dieu du premier Élohim. Il y a là deux personnalités bien distinctes : c’est l’Élohim d’Élohim qui a placé Élohim au-dessus de Ses compagnons. 9

Le propos est sans équivoque : l’Élohim pluriel a placél’Élohim pluriel au-dessus de Ses compagnons. L’unité de Dieu apparaît ici.

William Shakespeare demanda dans Roméo et Juliette : « Qu’y a-t-il dans un nom ? ». À la fin de la guerre civile américaine, une compagnie d’assurances demanda au général confédéré Robert E. Lee la permission d’utiliser son nom à des fins publicitaires. On rapporte qu’il répondit : « J’ai tout perdu durant la guerre à l’exception de mon nom et il n’est pas à vendre. »

Le choix d’un nom, la signification d’un nom et la puissance d’un nom sont tous importants. Élohim est LE vrai Dieu dont la personnalité est inhérente dans Sa pluralité. Et ce fait devrait nous stimuler à rechercher tout ce que cette vérité recouvre.

La plupart des Juifs ont un profond respect pour le nom de Dieu, au point que beaucoup d’entre eux ne le prononcent même pas à voix haute. Il y a un certain nombre d’années, mon épouse a eu le privilège de passer plusieurs jours avec une femme juive orthodoxe. Lors de leurs conversations, cette dernière prononçait souvent les paroles Baruch ha Shem, (Béni soit le Nom!). Elle ne le faisait jamais à la légère mais de façon très respectueuse. L’expression « le Nom » fait référence à une seule Personne, à Celle dont le nom est considéré par de nombreux Juifs comme trop sacré pour pouvoir être prononcé. Puissions-nous être empreints du même respect lorsque nous considérons Élohim, le Créateur de l’Univers.

Note de l’éditeur : Les Amis d’Israël croient en la tri-unité de Dieu : voir Genèse 1.2 ; Ésaïe 48.16, etc.

N O T E S

1  Nathan Stone, Names of God (Chicago: Moody Press, 1944), p. 13.
2  La Sainte Bible, avec commentaires de John MacArthur, Société Biblique de Genève, 2006, note 1 p. 52.
3  Arnold G. Fruchtenbaum, Messianic Christology (Tustin, Calif.: Ariel Ministries, 1998), p. 103. Disponible en français à l’adresse www.arielcanada.com.
4  The Zondervan Pictorial Encyclopedia of the Bible, à l’entrée « elohim ».
5  David L. Cooper, The God of Israel (Los Angeles: Biblical Research Society, 1945), note 25.
6  Stone, p. 16.
7  Stone, p. 17.
8  Michael L. Brown, Answering Jewish Objections to Jesus, vol. 2, Theological Objections (Grand Rapids: Baker Book House, 2000), p. 9-10.
9  Fruchtenbaum, p. 104.

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